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Traduit par S. Staroswiecki Dès que la jeunesse de Kaluszyn appris que nous, (moi et mon jeune camarade Joseph Feygnbaum, de mémoire bénie), avions acheté un ballon, il devint vite habituel que beaucoup de gens débarquent chez moi, à la maison, prêts à devenir des sportifs. Les premiers à s'intéresser au sport furent Mordehaï Yedvab, Yeshaiah Grodjitski, Yakov Zeidman, Yakov Zusman, Dovid Felner, Meïr Yagodjinski, Hersh Lis, Shie Berman, Guedalia Providle et Sholem Ray. Ensemble, avec l'auteur de ces lignes et notre entraîneur, Joseph Faygnboym, nous nous sommes attelés au travail. Feygnboym nous a enseigné toutes les règles du jeu, ce que signifie un ''gardien de but'', un ailier droit, et un ailier gauche.
Et chaque jour après le travail, nous jouions et apprenions les règles du jeu.
L'intérêt de la jeunesse ne cessait de croître. Une semaine était passée et nous étions déjà 40 joueurs. Au début, nous allions jouer au ''pont de Varsovie''. Ensuite, nous sommes passés au ''Kartsenik' ( ?) et, un shabbat matin, nous avons joué notre premier match. Nous ne connaissions pas encore toutes les ficelles du jeu, et après le premier match, nous ne '' sentions plus nos jambes ''. Alors le matin suivant, un dimanche, personne n'est venu à l'entraînement. Un nouvel entraîneur, très exercé, Jona Yedvab, - de mémoire bénie-, a commencé par nous inculquer la théorie et Yeshia Grodjitski, la pratique.
Je n'oublierais jamais ce que nous avons vécu, quand, un jour de shabbat nous sommes partis jouer un match contre les joueurs chrétiens, des non -juifs, de grande taille et bien portants. Après une minute de jeu, nous avons encaissé le premier but .cris et insultes, et à chaque fois un nouveau blessé, une fracture à la tête, un pied cassé et douze buts. Nous sommes sortis du champ de bataille plus morts que vivants. Moi même, je suis reparti avec un trou dans la tête et, par peur de me montrer dans cet état à la maison, je me suis rendu chez le pharmacien Tenenbaum lui demander les premiers soins. Le lendemain, toute la ville parlait de notre défaite, disait que c'était une folie d'aller jouer contre de tels non- juifs si bien portants.. Et de dépit, après avoir subi une telle défaite, deux joueurs nous ont quittés.
Mais nous ne nous sommes pas résignés. L'amour du sport ne faisait que grandir .De nouveaux joueurs nous ont rejoints ; Itzhok Nitki et Guedalia Rimer.. Nous avons rejoué contre les amateurs chrétiens et ils se moquaient de nous. Ils nous demandaient toujours si nous avions apporté un sac pour y mettre les buts. Mais la situation changea, nous avons commencé à nous mesurer à eux, ce qui toucha un peu leur honneur polonais. Le petit Yankele Gorfinkiel prenait maintenant la balle à Kozlovsky, ce grand shegetz[1] à l'allure athlétique. Les religieux achetaient leurs billets le vendredi pour pouvoir être présents aux jeux du samedi ; et tous étaient fiers des sportifs juifs.
Au fil du temps, de nouvelles équipes juives se sont formées en fonction de l'appartenance respective à un parti. Mais à cette époque, le plus puissant, le plus fort était le Promien. Les autorités polonaises nous ont délivré l'autorisation légale d'avoir un local où nous avons mené également des activités culturelles. Notre club sportif a compté 150 membres.
Le club sportif, qui attirait la jeunesse au sport leur avait ouvert le chemin d'activités en société et un développement culturel.
Le club sportif était aussi un lieu qui permettait de faire l'expérience de la camaraderie, un milieu intime. Avec quel enthousiasme de la jeunesse nous partions tôt le matin du shabbat en carriole vers les villages voisins. Nous nous débrouillions pour partir de telle façon que nos parents ne sachent pas que nous profanions le shabbat, et dans les villages où nous nous rendions pour jouer des matchs, plus d'une fois on nous jetait des pierres, et les non- juifs nous accueillaient en vociférant .. Mais les victoires nous donnaient du courage.
L'annonce que allions jouer en compétition contre le club sportif ''Mazovie'' de Miñsk Mazowiecki fit forte impression en ville. On aurait dit que toute la ville venait nous rejoindre pour nous assister dans notre dure tentative. Pour la première fois, nous jouions sur un tel terrain et avec de tels joueurs. Nous étions paralysés. On nous attaquait de tous côtés, avec brutalité et une rage antisémite. Mais grâce à la neutralité du juge, le jeu s'est poursuivi. Ils se sont battus 40 minutes contre nous avant le premier but. Et malgré qu'ils aient marqué 4 buts contre 1, ils se sont tous étonnés de la façon honorable dont nous avons joué contre la grande équipe la ''Mazovie '' et en cela, ce fut une joie et une fierté juive auquel les juifs ne s'attendaient pas, pensant à une grande défaite.
Kaluszyn nous a réservé un accueil très chaleureux. Tous les joueurs ont été gratifiés d'un 'salut' comme on le dirait à un maître. Les participants au match de Miñsk furent : Joseph Faygnboym (z''l)[2], Yoel Zorman (vit aujourd'hui en Amérique), Shie Berman (Amérique), Yankl Gorfinkel (z''l), Itzhok Nitke (z''l), Shlomo Nitke (z''l), Gedalia Rimer (Paris), Yojek Shapiro (z''l), Guedalia Providle (z''l), le petit Scholie et le rédacteur de ces lignes. Les sportifs juifs ont insufflé beaucoup de courage à la jeunesse juive.
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Le Club Sportif "Le Promien" |
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Traduit par S. Staroswiecki
La branche ouvrière des fabricants d'ustensiles avait de tout temps été dans les mains des chrétiens et les juifs n'avaient jamais obtenu l'autorisation
d'apprendre cette profession, jusqu'au moment où ils purent commencer à travailler dans ce métier.
Ce changement survint après les élections à la « Douma »[1] de l'époque. Les juifs auraient soutenu un certain candidat, déclenchant une grande vague d'antisémitisme et la mise en place d'un boycott. Certains cercles assimilés de Varsovie furent alors à la base d'une initiative permettant de monter une usine et employer des ouvriers juifs.
Alors des personnes vinrent de Varsovie et louèrent une grande salle près de Reuven Mikhlzon dans le but d'ouvrir un grand atelier de fabrication d'ustensiles.
Un maître chrétien fut engagé moyennant un salaire élevé (Il me semble qu'il s'appelait Vintsenti) et Haïm Torbiner fut l'administrateur de cette usine.
Ces faits se sont passés en 1914 ou en 1915.
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L'Usine De Poterie - 1916 |
Dès que parut l'annonce qu'on était à la recherche d'apprentis et que dès le début de l'apprentissage, on gagnerait un salaire hebdomadaire, de nombreux jeunes hommes, qui sortaient à peine des yeshivot, des maisons d'études et des oratoires vinrent s'inscrire pour apprendre le métier.
Reb Guedalia Kaptsn et ses enfants, Yankel Kapsan et Eli (qui vit aujourd'hui en Israël) Itzhok Botlinski, Nate Tenenboym, Isroel Mankhemer, Yohanan Dimantshteyn, Meïr Shtulman, Yankel Kapote, (une brève période), Asher Sokol, Yehiel Grodshiski, Yone Obfal, Itzhok Meïr Krakovski, Avrohom Israel Achers (aujourd'hui en Argentine) commencèrent à travailler.
A l'usine, le travail était très intéressant ; on travaillait en chantant, les enfants de la ville venaient en visite pour voir nos productions.
Souvent, les officiers allemands venaient avec leur commandant (pendant l'occupation allemande, c'était eux qui géraient la ville) nous rendre visite, et nous bénéficions de leur protection. Les Allemands nous délivraient des « certificats », des laissez- passer afin que nous puissions nous déplacer librement.
En peu de temps, les juifs avaient maitrisé la profession. Le maître chrétien parti, Yossel Zilbersteyn et Guedalia Kaptsan, lui avaient succédé, de sorte que l'usine était devenue juive à 100%. Au départ de Yosl Zylbershteyn à Varsovie, Reb Guedalia était resté aux commandes.
L'usine a connu un fort développement et les productions se sont exportées dans toutes les villes environnantes, jusqu'à Brisk. En 1917, Reuven Mikhelzon a repris la fabrique pour ses deux gendres. Ils ont dirigé le travail des ouvriers juifs qui y travaillaient. L'usine avait acquis une si bonne réputation qu'on venait de partout proposer que les ouvriers spécialisés soient missionnés dans d'autres villes pour chapeauter l'ouverture d'autres usines. Et c'est ainsi que l'on assista à l'ouverture d'autres usines d'ustensiles à Siedlce, Lukov et à Ger, chez un membre de la famille du rabbin de Ger. Yosl Zilbershteyn et Yone Obfal furent parmi ceux qui permirent l'ouverture de l'usine d'ustensiles. Cette branche a occupé une place importante pour les ouvriers juifs.
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L'Atelier de Peau de Mouton de Moshe Rozenfeld le Premier au Deuxieme Rang a Droite. Son espouse, Menura est Assise au Premier Rang, La Quatrieme a Partir de la Gauche. |
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Traduit par S. Staroswiecki Le parti du Poalei Sion - droite de Kałuszyn devint actif et commença à trouver son expression dans la vie sociale de Kałuszyn en 1928. Certains de ses membres venaient du Poalei Sion - gauche, d'autres venaient des cercles du Halutz[2]. En 1929, on comptait à peu près 50 membres du parti.
Au début, le nouveau parti dut affronter des difficultés, particulièrement des cercles du Poalei Sion de gauche, qui ne voulaient pas faire la paix avec ce nouveau courant et avec les camarades ''sécessionnistes''. Au fil du temps, cependant, le nouveau parti trouva sa place dans le tissu social de la ville et normalisa ses relations avec les autres partis et les organisations de jeunesse.
Le principal dirigeant des Poalei Sion - droite était Itzhok Kozhekh, fils d'un fabricant de taliths ; Fils unique et enfant fragile, il porta jusqu'à l'âge de 10 ans des vêtements blancs pour le protéger du mauvais il..
Plus tard, son père l'envoya vendre des taliths dans toutes les villes et shtetls de Pologne et de Galicie. Ces voyages élargirent l'horizon du jeune homme et il se dévoua au nouveau parti avec une énergie considérable et un talent d'organisateur.
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Poalei Sion - droite 1928 |
Au début de 1936, avant mon départ pour Israël, le parti avait grandi .Il comprenait une centaine de membres et avait mis sur pied aussi une organisation de jeunesse, le '' Yugnt- Frayhayt'' comptant plus de 100 membres. Les jeunes venaient de la jeunesse ouvrière. Du fait de l'influence croissante d'Eretz Israël[3] sur la jeunesse, le ''Yugnt- Frayhayt''[4] attirait beaucoup de jeunes du Poalei Sion - gauche, du ''Yungbor''[5] et du ''Tsukunft''[6] bundiste.
En comparaison des autres partis ouvriers qui existaient depuis de nombreuses années, les Poalei Sion de droite n'avaient pas de succès à leur actif dans le domaine politique ou des organisations professionnels. Il n'avaient pas non plus beaucoup de conseillers à la mairie ni de syndicats professionnels qui leur soient propres. Cependant, le parti dépensait beaucoup d'efforts et d'initiative tant dans le domaine culturel qu'à la préparation spirituelle pour Eretz Israël.
Tout comme Itzhok Kozhekh mentionné ci-dessus, les camarades Isroel Kleynman, Yehezkiel Shtutman, Meshngiser and Yenkl Furman étaient actifs au parti. Les orateurs Kozhekh, Tsigler, Meshngiser et Yeshaye Shapiro étaient actifs dans la sphère culturelle. Le camarade Tsigler dirigeait l'organisation de jeunesse.
La principale activité des groupes culturels consistait à étudier les problèmes de l'organisation sioniste et les questions à l'ordre du jour du mouvement ouvrier en Eretz Israël.
Nous étions représentés dans toutes les institutions sionistes- au Keren Kayemet[7], dans la ligue des ouvriers d'Eretz Israël et étions impliqués dans des activités pratiques substantielles. Nous entretenions également des relations amicales avec les cercles du Halutsique -Shomer[8].
Le camarade Laybl Rosenfeld, président de la ligue des ouvriers d'Eretz Israël, était très intéressé par nos activités, bien qu'il ne soit pas membre de notre parti, il nous manifestait de l'attention et de la camaraderie.
Nous avions institué dans notre club des cours du soir. 30 étudiants étudiaient l'hébreu et se familiarisaient avec Eretz Israël avec Moshé Khalef, le fils du célèbre enseignant d'hébreu de Plonsk, Yehoshua Khalef. Ces cours ont grandement contribué à notre éducation spirituelle et à nous sensibiliser à l'influence d'Eretz Israël.
Nous ne nous contentions pas des activités à Kałuszyn et nous restions en contact permanent avec les organisations de notre parti dans les villes environnantes et les shtetls, en les aidant à faire germer l'éthique du travail en Eretz Israël et de relier les juifs à la terre d'Israël.
Dans les années 30, le parti a aidé à mettre en place 'un kibboutz -Hakhshara[9] en ville. Cela s'est passé dans la maison de Goldstein, dans la rue Mrozy. Les membres étaient employés à couper et scier du bois dans diverses usines. Le kibboutz rencontra de grandes difficultés financières et, associé à ses problèmes, je fus également responsable de ses dettes.
Tous les camarades et les jeunes du Poalei Sion - droite de Kałuszyn rêvaient de partir pour la terre de leur idéal, mais seul un petit nombre réussit à réaliser leurs rêves. Dès 1929, le parti souhaitait bon voyage aux camarades Shtutman et Kuszkovski pour leur Alya[10], mais ils furent retenus en Pologne parce que l'Alya avait été stoppée à cause des évènements qui s'étaient passés en Israël cette même année.
En 1936, je suis parti en Israël dans l'espoir de retrouver tous mes camarades. Malheureusement, la bête nazi les a presque tous anéantis et très peu d'entre eux ont réussi à atteindre le pays de leur rêve.
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Updated 27 Mar 2014 by LA