Une base de données en ligne permet aux survivants de la Shoah et à leurs proches de se retrouver
Jeudi 11 décembre 1997 ANNA MAGDID est née de parents inconnus, dans un camp de concentration dont elle n'a jamais su le nom. Rochelle Baker avait quinze ans quand elle échappa à la mort en Pologne, en sautant d'un camion de transport nazi. Laslo Heilprin était un jeune résistant hongrois, qui imprimait des faux papiers pour des juifs. Depuis 1945, ces hommes et ces femmes, comme tant d'autres, avaient perdu la trace de leurs proches, apparemment pour toujours. Désormais, ces maigres souvenirs vont peut-être leur suffire à renouer avec leur passé grâce à un nouveau site Web, Holocaust Global Registry (Registre mondial de l'Holocauste), base de données conçue pour permettre aux survivants de la Shoah et à leurs familles de se retrouver. Cette initiative, sans précédent sur le Web, a été prise par JewishGen, une association très active dans le domaine des études généalogiques sur les communautés juives du monde entier. Sa responsable, Kathy Altman, insiste sur la puissance inégalable de ce nouvel outil: "Quand j'apprenais que des retrouvailles entre des survivants et leurs familles avaient lieu, je savais que d'autres étaient encore possibles. Mais comment mettre en contact des personnes vivant dans des pays parfois très éloignés? Ayant moi-même mené ce genre de recherches, je sais à quel point elles sont difficiles. C'est alors qu'Internet est apparu." Le "registre" est encore en chantier, mais il inclut déjà des demandes venant de tous les continents, du Chili à la Chine. Les survivants ou leurs proches affichent les quelques renseignements et les bribes de témoignages dont ils disposent. La rubrique la plus poignante a été intitulée "Je me souviens" : il y est question de frères vus pour la dernière fois dans une gare oubliée, et d'enfants perdus évoquant le visage d'un père. Parfois, l'horreur ne se décrit pas. Un rescapé a rempli sa case "Je me souviens" avec ces seuls mots: "De tout." Ceux qui croient se reconnaître ou pensent qu'ils peuvent aider aux recherches envoient des messages. Ainsi, un échange mondial d'informations est en train de s'amorcer. Kathy Altman reçoit aussi des demandes émanant de personnes dont les parents, survivants de la Shoah, sont morts récemment, mais qui souhaitent néanmoins les voir figurer dans le "registre". Pour le moment, elle doit refuser, mais espère pouvoir leur dédier à l'avenir un mémorial en ligne.
An online database permits Holocaust survivors and their families to find one another
Friday 11 December 1997 Anna Magdid was born and orphaned in an unknown concentration camp. Rochelle Baker was 15 years old when she escaped death by jumping from a Nazi transport truck. Lalso Heilprin was a print master in the Hungarian underground who supplied Jews with false papers. Since 1945, the family histories of these men and women, like so many others, were lost in the aftermath of war. But now, the pieces of their shattered lives may finally come together thanks to the Holocaust Global Registry, an online database designed to assist anyone searching for Holocaust survivors and to survivors seeking family members. This initiative, which is unprecedented on the Web, was undertaken by JewishGen, an organization that is very active in the field of Jewish genealogy. Its manager, Kathy Altman, is convinced of the incomparable power of the Net: "For every survivor reunion I heard about in recent years, I knew there were others waiting to happen. But how could someone living in one part of the world ever be able to link up with someone in a far off country? Having done this myself, I know how difficult it is for anyone searching a survivor. Then along came the Internet." The "registry" is still in its fledgling stage, but it includes names from as far away as China and Chile. Survivors and their family members post information and descriptive files in fixed sections. The most poignant section is titled "I remember", where online testimonies recount the remnants of tragic personal histories: brothers seen for the last time in forgotten train stations, lost children remembering the face of their father. Sometimes, the horror of war transcends words, as in the case of one survivor whose "I remember" section simply says, "Everything." Those who recognize themselves in the database or those in a position to help others can send messages. Thus, a worldwide exchange of information is in the process of unfolding. Kathy Altman also gets letters from people whose survivor parents died recently but still request that they be listed in the Registry. For the moment that's not possible, but Altman hopes for an online memorial dedicated to them in the future. |
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