Weimar est la ville où ont habité Goethe, Schiller, Franz List et Bach. Goethe avait l'habitude de monter sur l'Ettersberg et d'y travailler à l'ombre d'un hêtre. C'est précisément cet endroit que choisirent les nazis pour y ériger le camp de concentration de Buchenwald (Bois des hêtres).
Libération de Buchenwald: un immense mourroir...
Le 3 juin 1936, l'Inspecteur des Camps de Concentration d'alors, le General SS Eicke, proposa de déplacer le camp de Lichtenburg vers la Thuringe. Le terrain de l'Ettersberg fut choisi le 5 mai 1937 et le 16 juillet 1937 les 300 premiers prisonniers arrivèrent au camp (qui s'appela d'abord camp de concentration d'Ettersberg). Le 6 août 1937, le nom du camp fut officiellement changé en "camp de concentration de Buchenwald - Konzentrationslager Buchenwald".
Tout comme dans de très nombreux autres camps, la population augmenta très rapidement: en juillet 1937, il y avait 1.000 prisonniers, principalement des communistes et des Témoins de Jéhova. Le 1er septembre 1939, le camp comptait déjà 5.382 prisonniers. Ce chiffre passa à 8.634 fin septembre de la même année (suite à l'invasion de la Pologne), puis à 37.319 en décembre 1943, 63.084 en décembre 1944 et 80.436 fin mars 1945.
Libération de Buchenwald...
Le camp fut construit par les prisonniers eux-mêmes. Pendant tout l'été 1937, les prisonniers durent occuper leurs "loisirs" à transporter des pierres de la carrière jusqu'au camp. Ceux qui avaient le malheur de porter des pierres jugées trop petites par les SS étaient immédiatement abattus. Un peu plus tard, des colonnes de prisonniers furent enchaînés à des lourds chariots à quatre roues. Il durent tirer des charges énormes tout en chantant. Les SS les appelèrent les "chevaux chantants"...
Le premier commandant de Buchenwald fut l'officier SS Koch. Lui et sa femme, Ilse Koch, laissèrent derrière eux une terrible réputation d'assassins. Koch était voleur, buveur et joueur. En 1941, il fut transféré à Majdanek et remplacé par le colonel SS Pister. Plus tard, Koch fut accusé de fraude, arrêté par les SS et fusillé à Auschwitz.
Le but de Buchenwald était la destruction par le travail. On y a commis les atrocités les plus sadiques, et l'un des bourreaux les plus redouté était sans aucun doute Martin Sommer, qui "travaillait" au bunker.
Des milliers de prisonniers furent assassinés à l'infirmerie du camp au moyen d'injection de poison, tandis que beaucoup d'autres furent les victimes d'expériences médicales, notamment après avoir été contaminés par des bacilles de typhus.
Un "souvenir" réalisé par les SS: la tête réduite d'un prisonnier de guerre russe...
Un autre moyen d'exécution était pratiqué à l'écurie. Dans une pièce aménagée comme un cabinet médical, le prisonnier dévêtu devait se placer sous une toise. Un coup de feu était alors tiré par un SS a travers un petit trou aménagé dans la toise à hauteur du cou. Le bruit de ces exécutions était couvert par une radio dont le volume avait été poussé au maximum.
Les moyens d'exterminations par le travail étaient nombreux. La construction de la route menant du pied de l'Ettersberg à l'entrée du camp fit des milliers de morts, au point que cette route étaient surnommées par les prisonniers la "rue du sang".
Malgré les conditions de vie abominables qui régnaient à Buchenwald, un puissant mouvement de résistance fut créée par des prisonniers. Profitant de la surpopulation du camp, cette organisation réussit à sauver et à cacher de nombreux prisonniers condamnés à mort.
Buchenwald est accessible à partir de Weimar grâce à un service de bus. Le musée est ouvert tous les jours de 8 à 19h. Le musée est fermé le lundi.
Extrait des actes du procès de Nuremberg.
M. Dubost: Pourriez-vous nous dire quelques chose à propos des tatouages?
Témoins Bachalowsky: Oui.
M. Dubost: Veuillez avoir l'obligeance de nous raconter ce que vous savez.
Témoins Bachalowsky: A Buchenwald, la peau humaine tatouée était entreposée dans le bloc 2. On l'appelait le "bloc pathologique".
M. Dubost: Y avait-il beaucoup de peau tatouées dans ce bloc?
Témoins Bachalowsky: Il y avait toujours des peaux humaines. Je ne saurais vous dire combien exactement, parce que les peaux entraient et sortaient régulièrement. Il n'y avait pas que des peaux tatouées, mais aussi des peaux tannées sans tatouages.
M. Dubost: On a donc écorché des gens?
Témoins Bachalowsky: On leur enlevait la peau puis on la tannait.
M. Dubost: Pourriez-vous nous donner quelques informations plus précises?
Témoins Bachalowsky: J'ai vu des SS sortir du bloc 2, des peuax tannées sous le bras. Des camarades travaillant dans ce bloc m'ont dit qu'on y recevait des commandes de peaux et que l'ondonnait des peaux tannées à des gardes et à des visiteurs. On les utilisait aussi pour relier des livres.
M. Dubost: On nous a dit ici que le commandant Koch d'alors, Koch, a été puni pour ces pratiques.
Témoins Bachalowsky: Je n'ai pas connu le cas de Koch: je n'étais pas encore au camp à cette époque.
M. Dubost: Il y avait donc encore des peaux tatouées et tannées après son départ?
Témoins Bachalowsky: Il y en a toujours eu. Quand les Américains libérèrent le camp, ils trouvèrent encore des peaux tatouées et tannées...
"Souvenirs" touvés par les américains dans le bloc de pathologie. On distingue nettement sur la table les peaux humains tatouées
ainsi que les t^étes réduites de deux prisonniers de guerre russes. L'abat-jour est également en peau humaine...
Témoignage de Ludwig Scheinbrunn,
survivant de Buchenwald
"A partir du 21 septembre 1939, j'ai été porteur de cadavres à Buchenwald pendant à peu près deux ans et demi. Durant l'hiver de 1939, on érigea près de l'actuel crématoire un camp de tentes, où 40 à 50 prisonniers mourrraient chaque jour de froid et de faim. En outre, les adjudants-chefs Blank et Hinkelmann en ont empoisonnées beaucoup. Les prisonniers y recevaient un demi litre de soupe maigre par jour de même qu'un seul pain pour 8 personnes.
Il est arrivé que deux prisonniers traînaient avec eux un cadavre dans l'espoir de recevoir une ration de pain un peu plus grande. Souvent les adjudants-chefs Blank et Hinkelmann jetaient la nourriture par terre, de sorte que les prisonniers devaient se mettre à genoux pour la rechercher tandis que les adjudants s'éverturaient à les battre à coup de bâtons et de matraques..."