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Les hooligans, les voyous des baraques avaient l'habitude de provoquer des bagarres et des esclandres. Ils avaient peur de le faire au centre ville. Ils exploitaient toutes les occasions dans des rues étroites et en dehors de la ville. Souvent les voyous ivres attaquaient et cassaient les portes à la nuit tombée.
Les Juifs ne s'adressaient même pas à la police et réglaient leur compte avec les hooligans.
Dans les années 30, à l'époque des pogroms de Pshitik, Brisk, Minsk Mazowiecki, il y avait aussi en ville des membres des Endekes (parti antisémite), qui poussait la jeunesse polonaise à se battre contre les Juifs.
Le comportement de la jeunesse polonaise était insolent, les Juifs ne se promenaient plus en dehors de la ville et ceux qui habitaient à la périphérie de la ville s'exposaient à beaucoup de soucis.
Il régnait une certaine agitation visant à boycotter les magasins juifs, et les jours de marché, des bandes organisées descendaient au marché et, pour les faire enrager, exposaient exprès leur marchandise à côté des stands juifs, terrorisant les paysans pour qu'ils n'achètent pas chez les Juifs.
On voulait arracher de force aux Juifs leurs moyens de subsistance et, le plus important, on voulait transférer une fois pour toutes, le marché du quartier juif au quartier non-Juif près de l'hôtel de ville afin de soustraire des Juifs les activités commerciales.
Le transport de marchandises à Varsovie était une des principales activités juives dans toute la région. Des charrettes lourdement chargées, occupés par des familles entières se balançaient et passaient dans toutes les bourgades alentours, traversant Kałuszyn en direction de Varsovie. C'était une occupation juive depuis des générations.
Mais les bandes antisémites attaquaient également les charrettes sur les routes.
A chaque fois, d'autres nouvelles relatives à des vols et des meurtres nous parvenaient. Les actions antisémites atteignirent leur point culminant au moment des pogroms de Minsk Mazowiecki.
Kałuszyn était aussi menacée de pogrom, mais la jeunesse de Kałuszyn était restée fidèle à sa tradition obstinée, entêtée et l'organisation d'un groupe d'autodéfense avait réduit à néant tous les plans des hooligans.
Un Shabbat troublé
D'habitude le Shabbat, on pensait : Repos.
Plus de travaux, plus de commerce le marché était désert et sur les routes, on n'entendait plus le moindre grincement de chariot dans la ville.
Le Shabbat, Les prières et les cantiques étaient réservés à l'ancienne génération .Les jeunes se regroupaient dans les clubs et se promenaient dans les champs et les forêts autour de la bourgade.
Mais ce Shabbat précisément, le village était loin du repos.
Le danger du décret relatif à l'abattage rituel avait mis en émoi les jeunes et les vieux.
Les Juifs pieux s'étaient réunis autour de toutes les maisons d'études et les corporations et discutaient de l'interdiction de l'abattage rituel, le danger de l'impur. La jeunesse y voyait également une attaque contre l'existence juive dans le but de confisquer les revenus des bouchers et des abatteurs rituels.
Au coin de la rue, vers Yankel Stein se trouvait la bourse du village ou les Juifs discutaient de tous les sujets du monde et de la politique locale, des affaires de la communauté et de toutes les associations de bienfaisance. Aujourd'hui plus que d'habitude tout le monde parlait du décret sur l'abattage, le petit monde s'agitait et un des orateurs, parmi les meneurs du nom de Moshé Kane (le président de séance de l'hakhnoses kale*) criait plus fort que les autres de sa voix grave.
Au coin de la rue dans la maison de Dina Esther s'agitait un second orateur. A la place d'honneur, le conseiller municipal Leizer Bornshtein. Il était connu de tous : Leizer Koks le soutien de famille de la ville qui dormait habillé la nuit parce que bientôt un Juif frapperait à sa porte et lui demanderait de l'aide, réclamerait son intercession, pour une requête administrative.
Leizer était toujours prêt, et à présent, présent tous le harcelaient de questions a propos du décret et il leur répondait à tous calmement, avec gentillesse, à sa façon.
Dans une troisième tribune, carrément au milieu de la rue s'agitaient les porteurs et les bouchers, le conseiller municipal et Mordechai Rimvort proclamait que les Juifs ne se laisseraient pas faire, qu'on engagerait le combat, que l'on recueillerait les signatures de tous les Juifs de Kałuszyn et qu'une délégation composée de Reuven Mikhalson à sa tête irait voir le Woïwodie ( préfet).
Berl Treger (surnommé le canard) était un de ceux qui écoutait ce discours. Le cirage, à base de graisse faisait reluire ses chaussures. Croquant des grains, il dressait une oreille attentive.
Il attendait des explications claires et proférait des jurons Qu'ils aillent se faire pendre avec le père de leur père ils ont pitié des veaux et pas des Juifs. Berl prêtait attention jusqu'à ce qu'il prenne également la parole : Ce qu'il faut, ce n'est pas jacasser mais tout simplement frapper un grand coup sur la tête, et une fois pour toute.
Puis Hershl Tomak, le cordonnier, s'immisça dans la conversation, disant qu'il fallait faire comme en 1905, créer un service d'autoprotection et ne pas avoir peur.
Les cercles allaient en s'élargissant, un grand cercle se formant sur toute la longueur de la rue de Varsovie. Soudain Sha! Le silence se fit le rabbin Naftali arrivait, le bedeau à ses côtés, et à sa suite, les abatteurs rituels Reb Henikh, Reb Eliezer et le fidèle Reb Haïm. Le rabbin avait son shtreyml sur sa tête, il portait un long manteau long noir et des chaussettes blanches.
Marchant d'un pas lent, ils le suivirent tous dans la vieille maison d'étude pour prier et casser le jeune.
Face à la foule, juché sur la tribune apparut Reuven Mikhalson avec sa fière figure, lui, le président de longue date de la communauté, le grand entrepreneur qui avait agrandi la ville entière, le marché et une école, lui, l'homme d'affaires dont la puissance était telle que lorsqu'il y avait un problème il se rendait auprès des autorités. Il inspirait la confiance : demandait ne pas s'inquiéter, qu'il maitrisait la situation .
Le Shabbat se termina plutôt agité .
La vieille génération fit ses prières à la maison d'études et au club , la jeunesse discuta de l'organisation de la résistance.
Le soir de ce Shabbat, le cercle dramatique du Bund joua la pièce résistance pour stimuler la jeunesse et les pionniers se rencontrèrent la nuit avec des amis qui devinrent les nouveaux émigrants vers la terre d 'Israël et l'Alya illégale, et une nouvelle semaine commença avec ses luttes et les soucis de la vie quotidienne.
Les charrettes des paysans crissèrent à nouveau dans les rues de la bourgade les paysans ivres firent des scandales dans les auberges juives et à cause de ce Shabbat troublé, la peur et l'appréhension s'étendirent à tous les jours de la semaine.
* aide permettant aux jeunes filles pauvres de se marier
Comme tous les artisans et commerçants juifs de notre ville, les bouchers étaient imprégnés de tradition juive et d'un comportement vertueux en société. Parmi eux se trouvaient également des Hassidim et des érudits.
Ils étaient les premiers à venir en aide aux pauvres de la ville en les faisant travailler comme employés dans les boucheries et en pratiquant l'aumône avec générosité.
Ils soutenaient beaucoup les étudiants de yeshiva dans le besoin, initiaient aux métiers de la boucherie les orphelins malheureux à la recherche d'un point de départ dans leur vie.
Beaucoup de Juifs de la ville tiraient leurs revenus de la boucherie : les négociants en veau, en fourrure, les fournisseurs de viande, les équarisseurs, les portefaix, les charretiers et intermédiaires. Des centaines de personnes en vivaient.
Depuis toujours l'abattage avait été dans les mains des abatteurs rituels, mais après que les abatteurs rituels et les bouchers se soient combattus, la communauté avait pris en charge l'abattage rituel et les revenus des abatteurs avaient baissé.
Mais la lutte s'était poursuivie et grâce aux efforts des bouchers, la situation des abatteurs s'est à nouveau améliorée. Le fidèle Reb Haïm, un pauvre Juif travaillant dur, était entretenu directement par les bouchers.
Plus d'une fois le courage des bouchers fut de grande utilité aux Juifs de Kałuszyn quand la force fut requise.
Quand les vents mauvais de l'antisémitisme ont commencé à se déchainer dans les années trente, un maréchal des logis du nom de Boyak s'est laissé aller à tourmenter un de ses soldats, le fils du boucher de Kałuszyn Khaskelevitch. Après sa libération, ce soldat a montré que l'honneur juif n'était pas un vain mot et a abattu le tourmenteur.
Lorsque la diète polonaise a décidé d'annuler l'abattage casher, les persécutions ont commencé contre les bouchers et les abatteurs de Kałuszyn jusqu'à ce que l'abattage rituel soit complètement interdit. Pour cette raison on ferma la majorité des boucheries. Sur trente boucheries, seules six restèrent ouvertes, s'occupant partiellement de l'abattage et vendant de la viande casher.
Devant Le danger que des centaines de personnes perdent leurs revenus, tous les bouchers convoquérent une assemblée chez Rabbi Naftali. Avec l'aide du rabbin, qui était à l'époque le rabbin de la ville à la mort du rav Klingsberg tous les bouchers se sont entendus. Le vétérinaire, l'inspecteur de l'état ont été bien rémunérés et on a continué à abattre en secret, tard dans la nuit.
C'est de cette manière qu'on a pu procéder à l'abattage rituel, devenu interdit de par la loi jusqu'au jour ou les autorités en eurent vent et que la police effectua un raid surprise avec à sa tête le staroste en personne, Une enquête approfondie fut menée sur les abatteurs et les bouchers. Le vétérinaire fut renvoyé de la ville et un autre nommé à sa place. C'est à partir de ce moment que les ennuis ont commencé, avec des perquisitions et des arrestations.
De toutes les personnes de Kałuszyn qui ont péri, je me rappelle les Juifs des boucheries qui dans leur effort pour se nourrir, vivre ont mené une vie pleine de crainte de Di. de courage et de droiture et ont lutté contre les décrets antisémites.
Le pogrom de Minsk Mazowiecki a débuté après que Casquelewitch, habitant de Kałuszyn ait assassiné un maréchal des logis polonais à Minsk Mazowiecki pendant les fêtes chrétiennes de 1936. Quelles raisons avaient poussé ce père de famille tranquille de 4 enfants à commettre un meurtre et provoqué de tels évènements?
Les soldats ayant servi au régiment de Minsk avec Caskelewitch ont raconté que cet officier l'avait régulièrement humilié. Une fois, il lui avait plongé la tête dans un tonneau d'ordures, ce qui avait considérablement bouleversé le soldat juif.
Après sa libération, il traîna longtemps avec lui son humeur sombre jusqu'à ce que l'heure de la vengeance ait sonné et qu'il commette son meurtre. Les voyous de Minsk attendaient depuis longtemps que se présente une telle occasion et la mirent à profit immédiatement pour commettre un pogrom.
Ce n'est pas dans un lieu obscur et reculé mais dans le centre même, dans une ville entre Kałuszyn et Varsovie que les hooligans se sont déchaînés et ont brûlé, pillé et frappé une semaine entière. Le pogrom a dépassé les limites de Minsk et a atteint pratiquement Kałuszyn. Sur tous les chemins on pillait et on frappait. Des personnes battues, ayant perdu tous leurs biens, sont arrivées en sang à Kałuszyn. Il s'agissait en majorité de pauvres commerçants des villages environnants. Mezrirch, Byale, Lukow, Mrodi, Sokolow , Wengrov , qui avaient l'habitude de traverser Kałuszyn pour transporter leurs marchandises à Varsovie. A présent, tous leurs biens avaient été réduits à néant par les Hooligans.
On eut connaissance à Kałuszyn que les Hooligans locaux, les Brukashes, avec les Janakes à leur tête se préparaient à poursuivre les actions de leurs camarades de Minsk, mais les Juifs de Kałuszyn s'étaient organisés pour recevoir les assaillants. Toute la jeunesse de tous les partis avait créé un service d'autodéfense et les anciens camarades s'étaient occupés à recueillir de l'aide pour les Juifs de Minsk qui avaient subi le pogrom. Avec l'aide de la police, les Juifs ont pu faire rentrer le premier véhicule de pain à Minsk. Les portes et les commerces des maisons juives étaient closes, de nombreuses personnes s'étaient cachées dans les caves et les greniers et il fut difficile d'approvisionner en pain les Juifs cachés et terrorisés.
Pendant ce temps, le jour du marché se rapprochait à Kałuszyn et la rumeur s'était répandue que des hooligans, venus de loin, viendraient prêter main forte aux hooligans locaux. A Kałuszyn, on s'y était préparé. Une maison sur deux était occupée par un groupe d'autodéfense constitué de 5 personnes. La nuit fut sombre et tranquille et on aurait pensé que la ville était plongée dans un profond sommeil, mais en réalité on menait la garde dans l'obscurité. Dans la nuit, il se produisit également un évènement qui aurait pu coûter très cher. Un groupe de marchands de porc polonais s'est trouvé nez à nez avec un groupe d'autodéfense. Les commerçaient allaient en direction de Minsk à la foire et on frôla de peu la catastrophe à cause d'une erreur. Mais cet événement eu aussi son utilité. Ces mêmes commerçants racontèrent aux non-Juifs de la ville que les Juifs étaient organisés et bien armés et c'est ce qui empêcha les hooligans de se mesurer aux Juifs de Kałuszyn. Pour les Juifs de Mazowiecki, le pogrom avait éclaté subitement et ils n'avaient pas eu la possibilité de se préparer et d'organiser leur auto- défense.
Il y eut cependant quelques cas de résistance. Les Juifs de Kałuszyn qui s'étaient organisés à temps purent éviter un pogrom.
Traduit par S. Staroswiecki Le train en provenance de Varsovie, en direction de Siedlce faisait halte ici, le conducteur annonçait : Gare de Mrozi !!. A Mrozi vivaient quelques Juifs et comme dans toutes les bourgades ils survivaient au sein d'une population de non-Juifs tout en perpétuant leur mode de vie juif.
A proximité de la salle d'attente, dès qu'on pénétrait dans la rue principale qui reliait Mrozi à Kałuszyn se trouvait la maison des Funts entourée par une palissade basse d'où dépassaient des herbes vertes et des lilas odorants. Les petites vérandas basses recouvertes de feuilles de vigne sauvage donnaient un caractère particulier à cette maison qui se trouvait être la seule auberge de Mrozi.
Le commerçant de passage y mangeait un morceau, avec des mets savoureux cuisinés par Madame Funt . De nombreux jeunes de Mrozy aimaient s'y retrouver, bavarder, discuter ou tout simplement y passer le temps. Il n'existait aucune organisation ou club à Mrozi, malgré que la jeunesse de Mrozi soit répartie en plusieurs courants idéologiques. On y trouvait des Poalei tsion, des bundistes, des communistes, des sionistes, des révisionnistes et chacun voulait faire venir son messie au plus vite.
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Chez les Funts |
En été, les belles soirées de Shabbat toute la jeunesse de Mrozi se mettait en route en direction des superbes bois qui s'étendaient au loin entre les prés en herbe, chaque groupe dans une autre partie du bois. Ici, le petit bois à proximité de la maison de Michalson suivi de la grande forêt et un peu plus loin encore 'la forêt de Kałuszyn' .Dans ce bois, les habitants de Kałuszyn et de Mrozi se retrouvaient à l'occasion de diverses réunions de partis, re rassemblements et de réunions clandestines. En été, les scouts y faisaient des escapades et le bois résonnait de chants. Par contre, en hiver, nous, les habitants de Mrozi attendions avec impatience le Shabbat après manger et nous nous faufilions en secret hors de la maison pour nous rendre à pied à Kałuszyn, pour y entendre les conférences de divers orateurs que différentes organisations faisaient venir du centre.
Tous les jeunes de Mrozi était occupée à coudre des patkes, des épaulettes. Un entrepreneur de Varsovie venait chaque année dans sa maison de campagne et en profitait pour accroitre sa production en faisant broder des épaulettes destinées à l'armée.
Les jeunes filles étaient assises, penchées sur le Baiourek ' un pied à ressort argenté, et piqûre après piqûre, suivaient le symbole polonais dessiné sur les épaulettes. Une fois le travail achevé, Shmuel Leib l'agent commercial les transportaient aux commerçants de Varsovie. On surnommait cet agent commercial le samokhod, parce qu'il était sur les routes sans arrêt, qu'il ne ratait jamais aucun train, qu'il allait et venait chargé de lourds paquets , qu'il portait même des petits paquets accrochés autour du cou, toujours mélancolique comme si sa vie entière, exténuée et sans espoir était suspendue à ses charges.
La majeure partie des Juifs de Mrozi gagnait leur vie de cette façon. Les jours de marché, le mardi, on achetait la marchandise par des prêts sans intérêts. Shie Shloimele oubliait son asthme ce jour là. Toute la semaine il était au bord de l'asphyxie, mais les jours de marché, il n'était pas en retard, il emballait comme les autres et recousait les sacs de nouilles jusqu'à minuit. A l'aube il prenait le train pour Varsovie, là bas il portait jusqu'aux étages les plus élevés le beurre frais, le fromage, et de la crème fraiche pour les riches propriétaires. Il s 'en retournait à la maison avec de maigres revenus et un asthme prononcé. Et sa femme ne pouvait rien pour lui. Toute sa vie elle a souffert d'un érésipèle sur le pied. Et toutes les eaux de Mrozi ne pouvaient rien y faire. Elle disait à ma mère Si j'avais eu cette douleur au cur, j'aurais été chanceuse, j'aurais pu aller à pied.
Les Juifs n'ont pas peu souffert des persécutions des non-Juifs, leurs voisins. Le non-Juif Uldak avait entrepris de se débarrasser de son locataire juif Israël Beker. Ce Uldak venait chaque nuit avec une bande de voyous et jetait des pierres sur la boulangerie d'Israël et son appartement. Malgré les cris de détresse de la famille d'Israël, personne n'est venu à sa rescousse.
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Dans les champs de Mrozi |
Le poste de police était proche, mais personne ne venait se mêler de ces petits incidents. Depuis longtemps, il n'y avait plus de vitres dans son appartement, les fenêtres étaient condamnées par du contreplaqué et le soleil ne pénétrait jamais. Et ainsi, Israël vivait les fenêtres bouchées, et continuait à mener sa vie avec patience.
Feigele Yossef Shie souffrit toute sa vie de son propriétaire allemand Bershtold qui s'était donné pour tâche de l'expulser de l'appartement- une sombre ruine, penchée dans une petite ruelle ou il valait mieux ne pas se rendre. Feigele investissait le fruit de son labeur dans des procès et des appels jusqu'à ce qu'elle-même devienne presque un avocat et qu'elle soit restée sans mari.
- Je n'aurais pas investi tout cet argent en vain disait elle, si au bout du compte, il se sera chopé une maladie.
Et voici que j'ai vu Hava Leizer le cur serré, Dieu avait déversé sur elle son courroux, elle devait marier ses quatre filles, elles étaient déjà mûres pour la Houpa et elle n'avait pas l'ombre d'un sou pour payer la dot.
Tous étaient, je ne le souhaite à personne, à l'étranger parce qu'elle, la mère, ne pouvait même pas leur donner du pain et de l'eau.
Elle était, Hava, Malheureuse, le visage déformé de tant de larmes. Les jours de prières, elle se tenait prête à prier, mais elle ne savait pas prier. Elle criait en yiddish Mon cher père ; quand ? Comme si une douleur surgissait à chaque fois dans un autre membre.
Ainsi vécurent les Juifs de Mrozi et leurs vies tourmentées leur semblait plus légère le Shabbat et les jours de fête quand les fenêtres juives étaient éclairées par la lueur des bougies de Shabbat.
A ce moment là, les Juifs se libéraient de tous leurs problèmes de survie, et à pas mesurés, on s 'en retournait de la prière. Le jour de Kippour, les maisons d'études ne pouvaient contenir les fidèles, les Juifs se tenaient dans la cour, enveloppés dans leurs Taliths et priaient le cur brisé, et des oratoires pour femmes parvenaient les cris à moitié étouffés des lamentations des femmes au cur lourd. Leurs mains tremblaient sur les livres de prière, des livres aux feuillets jaunes détachés et tachés des larmes que les générations précédentes avaient versées.
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La caleche pour Mrozi |
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Au coin |
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Updated 17 Dec 2010 by LA